La tranche napolitaine.

La tranche napolitaine, c'est l'histoire d'une formidable frustration enfantine... A l'âge des culottes courtes, le repas ne vaut que par le dessert qui le conclut, une gourmandise qui alimente les fantasmes au fil du passage des plats sur lesquels on aurait volontiers fait l'impasse pour arriver plus vite à la douceur espérée ! Dans ce contexte, les couleurs, les formes, les textures et les saveurs prennent une place fondamentale et l'on imagine avec plaisir les coupes complexes, les pâtisseries décorées de crème au beurre, les montagnes de sucreries, en se persuadant d'être suffisamment raisonnable pour que l'ensemble ne remplisse pas l'assiette au-delà du bord ! ça, c'est pour la thèse... l'antithèse, c'est la tranche napolitaine. Un rectangle bicolore pour toute fantaisie, servie sans autre forme de procès !!! Encore heureux que les parfums varient de la gauche à la droite, car, une fois le piège refermé, l'esprit de l'enfant se voit définitivement contraint, lié à la frustration par l'anneau de rigueur de cette recette malheureuse... Il entrevoit les affres de la vie adulte qui se profile au loin, son enfance le trahit pour la première fois et il ressent la glace l'envelopper et geler ses rêves sans même une noisette de Chantilly pour apaiser sa peur !

J'en fais un poil trop ? je sais !... Mais en découvrant les deux planches de bois bicolores et l'anneau rouillé, j'ai immédiatement saisi la chance qui s'offrait à moi de régler mes comptes avec la froide ignominie; je me suis lâché et si je ne lui ai mis que deux couleurs au lieu de trois, ben c'est bien fait pour sa gu.... ! ;-)

Une photographie simple, juste un sujet, un cadrage et le soleil. 1/2000 s à f3.5 pour 200 ISO.

Le 26 janvier 2019.